Diane Kruger » Presse
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...Diane
kruger: "Je suis une invitée du cinéma"
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Sans esbrouffe, elle est devenue rapidement une valeur
sûre du cinéma international. La superbe
égérie de la marque Jaeger-Lecoultre vient de
jouer Marie-Antoinette dans l'adaptation signée
Benoît Jacquot des Adieux à la reine.
Moulée dans son mini-short en jean, cheveux
lâchés et low boots usés, on donnerait
18 ans à peine à Diane Kruger, et ceux qui ne la
reconnaîtraient pas pourraient imaginer voir un mannequin
entre deux castings ou une jeune fille au pair sirotant un Coca au
Café de Flore. Ses jeunes années ne sont pas
loin, mais Diane Kruger s’est hissée au rang
d’actrice internationale, faisant le grand écart
entre films d’auteurs français (Pieds
nus sur les limaces) et blockbusters hollywoodiens (Inglourious
Basterds). Parlant trois langues, se jouant des fuseaux
horaires, cette Allemande simple et attachante a
été choisie par Benoît Jacquot pour
jouer Marie-Antoinette dans l’adaptation des Adieux
à la reine, tirée du roman historique
de Chantal Thomas, prix Femina 2002. Le tournage vient de
s’achever à Paris. Le 2 novembre sortira ensuite Forces
spéciales, film dans lequel elle est une
journaliste enlevée par des talibans. Puis elle
commencera Fly Me to the Moon, une
comédie romantique avec Dany Boon. Bref, Diane Kruger, par
ailleurs égérie de la marque Jaeger-LeCoultre
dont le modèle mythique, la Reverso, fête cette
année ses 80 ans, est une actrice
débordée.
Si Versailles m'était conté
« Jouer Marie-Antoinette? Je ne crois pas au hasard... Je
suis allemande, je suis née un 15 juillet, ma
mère s’appelle Marie Therese – comme la
sienne – et j’ai l’âge
qu’elle avait lorsque la Révolution a fait
s’effondrer l’Ancien Régime et que la
reine a été emprisonnée...
C’est un rôle très extrême,
avec énormément de texte, et la langue de
l’époque n’est pas évidente
à mémoriser. À mon avis,
Marie-Antoinette est restée une héroïne
très moderne, avec cette
légèreté contemporaine – qui
lui a certes été fatale –, en tout cas,
je l’ai jouée comme une fille de mon
âge. Quant à Benoît Jacquot, je suis
comblée qu’il m’ait dirigée.
Le tournage s’est révélé
beaucoup plus léger que je ne l’avais
imaginé, il n’y avait ni douleur ni prise de
tête : c’est un réalisateur qui fait
confiance aux acteurs qu’il choisit. Je suis
entourée de Xavier Beauvois, qui joue Louis XVI, de
Léa Seydoux, la lectrice du roman, et de Virginie Ledoyen en
Gabrielle de Polignac, favorite de la reine. »
Une actrice sans frontières
« Je ne me sens pas connotée : ni actrice
française ni actrice américaine. Je suis une
invitée du cinéma. Je me sens toujours bien
où je me trouve, et le grand écart ne
m’effraie pas. En fait, c’est exactement ce que je
recherche : la diversité, le cosmopolitisme, les
mélanges. Je n’appartiens à aucune
famille de cinéma et ce n’est pas une situation si
désavantageuse. Je suis sans doute inclassable pour beaucoup
de gens, mais je n’en souffre pas.
Le temps d'aimer
« Je suis égérie de la marque
Jaeger-LeCoultre depuis cinq ans. J’ai accepté
très naturellement : la montre de mes 18 ans
était une Reverso, justement. C’était
un cadeau très chic, mais ma mère et ma
grand-mère l’étaient. J’ai
toujours vu ma mère élégante,
coiffée, maquillée. Aujourd’hui, elle a
60 ans et pas une ride : elle est impeccable. J’ai
quitté mon village très tôt. Je voulais
partir danser à New York. Ma mère me
l’a permis. Mais le destin a décidé
autre chose pour moi. Je vis aujourd’hui entre Paris, Los
Angeles et Vancouver, où tourne mon fiancé (NDLR
: l’acteur canadien Joshua Jackson).
Quand je suis avec lui là-bas, je mène
une vie de femme au foyer : je cuisine, je m’occupe du linge
et de la maison pendant qu’il travaille. En hiver,
c’est terrible, car il pleut tout le temps. Nous venons
d’acheter une maison à Los Angeles, et
j’ai appris à aimer cette ville qui est beaucoup
plus calme qu’on ne le croit. À Hollywood, on
existe avant tout à l’aune du box-office et je
préfère ne pas savoir combien je vaux,
même si j’ai participé à des
films qui ont marché. Je commence à parler
l’anglais sans accent et je joue des Européennes
au sens large. Les Américains adorent les
Européens, qu’ils considèrent plus
matures et plus cultivés qu’eux. »
La vie et rien d'autre
« Je n’aimerais pas laisser passer ma vie de femme
au profit de ma vie d’actrice. Je ne veux pas me
réveiller à 45 ans en ayant raté le
coche. Par exemple, je commence sérieusement à
penser avoir un enfant. Et puis, surtout, je me trouve beaucoup plus
intéressante depuis que j’ai une vie. Avant,
j’étais dans ma bulle,
j’étais le vaillant petit soldat qui parle trois
langues, fonce et ignore ses émotions. Et soudain,
à 30 ans, j’ai eu un déclic : je me
suis rendu compte que je ne connaissais rien. Comment pouvoir
prétendre jouer la vraie vie si on passe ses
soirées cloîtrée dans des chambres de
palace ? »
Par Richard
Gianorio