Diane Kruger »  Presse » Matin.ch (13/01/11)

...Interveview Vanity: diane kruger "C'est la passion qui m'anime"

Actrice déterminée, l’égérie de Jaeger-LeCoultre parle sans détour de son métier et de sa vie, avant de venir à Genève pour le SIHH. Exclusif
Elle joue tout, dans tous les registres, et jongle entre le français et l’anglais, Paris et Los Angeles. Diane Kruger, 34 ans, s’apprête à prendre l’avion pour venir à Genève. Actrice à part entière, elle est aussi l’égérie de Jaeger-LeCoultre. Coup de fil à un talent qui monte, qui monte…

Diane Kruger, où êtes-vous?
A Los Angeles, chez moi. Une belle journée commence. Je suis rentrée hier du Mexique avec mon fiancé (ndlr: l’acteur Joshua Jackson). Nous étions à Cabo San Lucas. C’est magique. Il n’y a personne sur la plage. On dort beaucoup, on mange. De vraies vacances. Ce début d’année est très chargé.

Vous venez mardi au Salon de la haute horlogerie. Vous avez un lien ancien et émotionnel avec Jaeger- LeCoultre.
Inoubliable. Ma mère m’a offert une Reverso pour mes 18 ans. Elle symbolise à la fois le temps qui passe et l’objet qui dure et le traverse. Je l’ai gardée. Ma visite à la manufacture m’a fascinée. Voir autant de marques dans un endroit si petit que la vallée de Joux, dans les montagnes, et cette tradition qui se perpétue de génération en génération, cette fierté à transmettre, j’ignorais que cela existait. C’est fascinant.

D’où vient votre détermination? Vous êtes partie très jeune de l’Allemagne pour le Royal Ballet de Londres…
C’est de la passion avant tout. J’ai toujours aimé les arts. J’ai commencé la danse à 2 ans et demi. J’ai arrêté à 13 ans, à cause d’une blessure au genou.

Un chemin vers la scène.
La danse m’a appris à exprimer mes émotions avec mon corps. C’est important lorsqu’on est teenager, ce contrôle sur soi. Etre sur scène et applaudie me remplissait de joie. L’envie de devenir actrice vient de là.

Enfant, vous jouiez des saynètes au jardin.
J’écrivais des pièces ( rires). Je jouais tous les rôles et forçais les gamins de mon entourage à venir me regarder et m’applaudir.

Vous menez une carrière très hétéroclite.
C’est toujours une bataille. Rien n’est acquis. C’est devenu une recherche artistique que de s’améliorer, d’avoir moins peur de soi aussi. Etre actrice est quelque chose de très narcissique. On est à la recherche de sensations fortes tout le temps.

On se défait difficilement d’un personnage?
Ça vous dépasse parfois. J’ai fait un film au Tadjikistan ( ndlr «Forces spéciales»). Nous dormions dans des yourtes, isolés. J’y joue une journaliste kidnappée par les talibans. Les scènes étaient très émotives. En rentrant, j’ai eu beaucoup de mal. J’étais odieuse. J’avais la sensation de revenir de très loin. Mes camardes de jeu me manquaient. Nous avions partagé une expérience physique très dure, et personne ne pouvait le comprendre.

Passion encore lorsque vous emportez le morceau pour «Inglorious Basterds» face à un Tarantino dubitatif.
Il ne croyait pas que j’étais Allemande. Ensuite il a fallu le convaincre pour le rôle. C’est un des rares metteurs en scène aux Etats-Unis qui puisse choisir des acteurs vraiment faits pour un rôle. On les prend souvent parce qu’ils ont une valeur au box-office, ça peut être très frustrant.

Etes-vous en train d’atteindre votre but? Je vous cite: «Devenir une grande actrice»?
(Elle hésite.) On jugera à la fin de ma carrière. Je ne suis ni Française ni Américaine. J’ai beaucoup de chance d’être invitée par le cinéma français. Pour les comédiennes, ce cinéma est beaucoup plus intéressant que celui des Etats-Unis. Ici, ça m’amuse. Les studios, c’est génial. Un rêve se réalise, mais je ne me vois pas vieillir à Los Angeles.

Vous êtes trilingue. Dans quelle langue rêvez-vous?
A Paris, en français. Avec mon fiancé, Canadien et Américain, en anglais. (Rires.)

Il vous fait rêver, c’est ça.
Oui, exactement! (Rires.).

Joshua Jackson a l’air d’un garçon très rassurant.
Ouais! (Elle glousse.) Ce qui me plaît chez lui, c’est qu’il est très cultivé et, contrairement à beaucoup d’acteurs, il n’est pas enfermé sur lui-même et sur son métier.

Vous avez failli tuer Sharon Stone alors qu’il était à vos côtés.
C’était à Cannes au gala caritatif de l’amfAR. Mon amoureux et moi étions sur scène pour les enchères. Sharon Stone animait la soirée dans une robe avec une longue traîne. On m’a demandé de monter sur un Segway. L’engin à deux roues avance avec le poids du corps. J’avais des talons. J’ai roulé sur la robe de Sharon et j’ai failli la renverser. Je suis passée à 5 cm, sans pouvoir m’arrêter. Elle aurait pu tomber de très haut. On a eu vraiment chaud!

Vous êtes très bonne cuisinière, dit-on.
J’aime recevoir. Je fais participer mes convives. C’est très joyeux.

Qu’est-ce qui vous manque de votre enfance allemande à Los Angeles?
Les Knödel, j’adore ça! Mes amis américains ne sont pas fans.

Le repassage est votre thérapie, ai-je lu. C’est-à-dire?
Je suis très souvent en voyage, et c’est quelque chose qui me rattache à ma petite maison. Cela me plaît de passer une heure seule avec mon linge (Rires.)

Vous serez Marie-Antoinette dans «Les adieux à la reine». Comment prépare-t-on un tel rôle?
J’angoisse un peu, je vous l’avoue. Le tournage débute en mai. Comme elle était Autrichienne, j’en ai beaucoup entendu parler. J’ai commencé à lire les biographies de Stefan Zweig. Avec Benoît ( ndlr: Jacquot, réalisateur), nous allons commencer la préparation des costumes, la lecture…

La peur disparaît-elle en jouant?
Oui. Mais, si j’ai quelque chose de difficile à jouer, je ne dors pas de la nuit. J’ai appris des acteurs plus expérimentés comment utiliser cette peur pour en faire quelque chose de constructif. Et ne pas me laisser envahir. Cela arrive lorsqu’on débute dans ce métier.



Par  Didier Dana


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