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...diane kruger: "J'ai appris à maitriser mes angoisses" |
Vous n'avez
jamais pensé
que ce film n'irait pas à son terme ?
Cela m'a traversé l'esprit mais je ne le lui ai
jamais dit. On a tourné Frankie sur
trois ans, quelques jours par ici, quelques jours par là.
Donc je me suis parfois demandé si ce film allait finir par
sortir et ce qui allait en résulter car on change en trois
ans ! Mais Fabienne n'a jamais lâché, ni fait part
de ses doutes.
Elle vous a tenu
au courant du
scénario de son nouveau film, Pieds nus
sur les
limaces, au
fur et à mesure de son
écriture ?
Oui, j'ai tout de suite su que j'allais être l'une
de ses deux héroïnes. Et il m'est vite apparu
évident que ce ne serait pas Lily, que joue Ludivine
Sagnier. Car la fragilité de ce personnage envers la vie
réelle rappelait trop celle de Frankie. Et j'avais envie
d'explorer autre chose avec Fabienne.
En quoi cet
autre personnage vous
a-t-il plus attiré ?
Clara, c'est la fille qui veut tout bien faire, être
aimable avec tout le monde. Un personnage qui, tout en
m'étant sympathique, m'effraie un peu ! Car, plus je lisais
le scénario, plus je voyais que nous partagions de nombreux
traits de caractère. Fabienne a d'ailleurs mis des choses de
moi à nu sans que je m'en rende compte. La
première vision du film m'a réellement
déstabilisée !
À la
rédaction,
beaucoup sont restés en dehors de ce film. Vous le comprenez
?
Fabienne a un univers à elle ! Mais j'avoue mal
comprendre comment on peine à s'y glisser car elle a cette
capacité à parler avec poésie de
choses très proches de la réalité,
notamment de celle de la vie des femmes. Beaucoup peuvent donc
facilement s'y retrouver ! Pour le reste, l'esthétisme du
film peut sans doute en déranger certains. Mais l'essentiel
est que ça ne laisse pas indifférent, non
?
Qu'est-ce qui a
le plus
changé chez elle entre les deux films ?
On a eu plus de moyens donc de temps pour installer les
choses. Frankie était un tournage
à l'arrache où on devait être
prêt à tourner 24 heures sur 24 les jours
où on le faisait. Avec Pieds nus sur les limaces,le
cadre était plus construit. Je n'arrêtais pas de
dire à Fabienne : "Ça y est, on fait un vrai film
!" (Rires.)
Et vous, en quoi
avez-vous le plus
changé depuis Frankie
?
Depuis mon premier film, j'ai appris à
maîtriser mes angoisses de ne pas savoir jouer une
scène. Elles sont toujours là mais, aujourd'hui,
je m'en sers, donc elles ne me bloquent plus. Je sais que je peux finir
par les dominer, que ce n'est qu'une question de temps et de
concentration.
Le regard des
autres sur vous a
changé, particulièrement depuis votre prestation
dans Inglourious Basterds.
Vous l'avez ressenti ?
Je pense qu'aux États-Unis, le regard sur mon
travail a changé. L'image que j'avais pour beaucoup -
l'actrice blonde européenne un peu frêle - a
été modifiée. Je le perçois
dans le type de scénarios que je reçois
depuis
Quelle est votre
vision d'Hollywood ?
C'est une machine très efficace mais en
même temps très diverse ! C'est pourquoi j'aime
travailler là-bas, mais je ne pourrais pas y rester en
permanence. C'est difficile, en tant qu'Européen, de
s'adapter aux critères des studios américains. De
saisir les raisons pour lesquelles on décroche le
rôle ou pas. Car le poids du metteur en scène y
est souvent réduit au minimum. Et on se retrouve
à devoir convaincre des financiers qui ont rarement un oeil
artistique. Cela peut être frustrant quand on voit par
exemple un acteur décrocher un rôle en se
demandant comment c'est possible, ou des stars comme Julia Roberts
avoir droit à tout, y compris à choisir leurs
partenaires !
Et comment
pensez-vous être
perçue de l'autre côté de l'Atlantique,
en France ?
Je ne crois pas avoir une image particulière. J'ai
fait des films très différents, parfois grand
public, parfois pointus comme ceux de Fabienne. J'essaie de tourner au
moins un film par an en France. Je me trompe peut-être mais
j'ai l'impression qu'on m'aime plutôt bien, tant le
métier où je me suis toujours sentie accueillie
que le public puisque la plupart de mes films ont bien
marché...
Et lorsque ce
n'est pas le cas, comme
avec Mr. Nobody ?
J'étais triste parce que c'était le film
ambitieux d'un artiste et ils sont rares ! J'ai eu
énormément de peine pour Jaco, qui a mis dix ans
à l'écrire. Alors que nous, acteurs, on a la
chance de pouvoir passer plus vite à autre
chose...
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